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La veille de l'Hebdo des AG

L'Edito de Bénédicte Hautefort du 5 mars 2018

Les fonds souverains étrangers sont devenus, en quelques années, l’un des premiers actionnaires du SBF120, avec 3% de la capitalisation boursière. L’Etat norvégien, par exemple, est aujourd’hui le 6ème actionnaire du CAC 40, dont il détient 1,6%, devant Amundi.
Ils sont arrivés petit à petit en 15 ans, de façons différentes. Les Norvégiens ont pour politique d’investir systématiquement dans touts les entreprises cotées, sauf dans les secteurs contraires à leur philosophie RSE. Les Chinois et les Qatari sont plutôt entrés lors d’opérations exceptionnelles, venus au secours de l’industrie française. Les autres fonds du Moyen-Orient sont souvent arrivés progressivement, sans que l’on puisse tirer d’enseignement général sur leur politique d’investissement.
Les philosophies de vote non plus ne sont peuvent pas être appréhendées de façon globale. Alissa Amico, Managing Partner de la société Govern Center, centre de recherche et de conseil en gouvernance dédié à la zone Moyen-Orient et Afrique du Nord, l’explique : autant Norges Bank a normé et rendu publiques ses attentes en la matière, autant les fonds du Moyen-Orient sont en phase d’élaboration de leur propre feuille de route quant à leur attentes vis-à-vis de leurs participations européennes cotées.
Par exemple, Norges Bank vote systématiquement toutes ses lignes de toutes les sociétés dont elle est actionnaire ; mais de nombreux fonds souverains du Moyen-Orient et d’Asie, par exemple, ne votent dans aucune assemblée, ce qui est déstabilisant pour les sociétés : ces titres, non votés, sont souvent prêtés, rendant la société concernée vulnérable à des initiatives activistes, qui souvent assises sur des titres empruntés plutôt qu’achetés – à la fois parce que l’investissement financier et moindre, et qu’il est plus discret. A l’inverse, Norges Bank a pour règle de ne sièger dans aucun « board », alors que la question se décide au cas par cas pour les autres fonds.
Pour le futur proche, la question principale est la façon dont vont évoluer ces attentes en termes de gouvernance, et le rôle que va jouer le modèle américain – dont l’incarnation, pour les sociétés françaises, est le proxy advisor ISS, qui ne fait pas l’unanimité.
Car les fonds souverains, quel que soit leur pays, ont en commun d’être réceptifs à l’influence américaine. Il y a 10 ans, le FMI réunissait, pour la première fois, les 26 premiers fonds souverains du monde : ce furent les « principes de Santiago », qui ont permis l’identification des fonds souverains comme véhicules autonomes, par rapport à l’Etat lui-même et aux familles souveraines.
De nouveaux « principes de Santiago » sont attendus : Américano-philes ou pas, là est la question.

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